Un jour de début de printemps, je marchais dans la rue, revenant de mes courses au supermarché LIDL. Il faisait beau. Mais les affaires que je portais étaient très lourdes, il faisait trop chaud pour moi. Je ne m’étais pas rendu compte que le printemps venait d’arriver (ou était déjà là). Il y avait beaucoup de petits pétales sur le bas-côté de la route. Soudain, l’un d’eux se mit à voler vers moi, en tournoyant. Tu vois, il n’y avait pas de vent ce jour là et je ne comprenais pas pourquoi ce pétale volait ainsi vers moi ; ce devait être quelque force mystérieuse. Je fus très émue. Quelque chose me chatouilla le coeur.
Jingfang Hao
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« Exister c’est différer, la différence, à vrai dire, est en un sens le côté substantiel des choses, ce qu’elles ont à la fois de plus propre et de plus commun. »
Gabriel de Tarde, « Monadologie et sociologie »
Franchir les continents, traverser les champs d’action… être différent n’est pas une expérience étrange pour Lingjie Wang et Jingfang Hao. Ils cherchent ainsi à la fois comment comprendre les êtres différents et se faire comprendre auprès d’eux.
Par leur démarche artistique, ils questionnent la perception ordinaire des objets du quotidien, la pensée mise en expérience, est comme d’incessants allers retours entre poésie et habitude.
Chacune de leurs œuvres repose sur un principe dialogique entre une conception cartésienne et mathématique – héritée de leur formation d’ingénieurs et d’un intérêt pour l’art conceptuel occidental – une vision sensuelle et poétique du monde – liée à leur culture chinoise et à leur connaissance de la matière qui compose les objets qui les entourent.